samedi 27 avril 2013

Les chiffres espagnols du chômage ont battu un record historique



C'est maintenant officiel, avec 27,16% de chômage, ce sont plus de 6,2 millions de personnes, sur une population totale de 47 millions d'habitants, qui se retrouvent sans emploi. Certes l'Espagne n'est pas le seul membre de l'union à voir son taux de chômage augmenter mais les chiffres sont impressionnants et les conséquences économiques et sociales pour la société espagnole sont néfastes. Focus sur cette situation !

L'Espagne, au même titre que ses homologues européens, n'a pas échappé à la crise de 2008. Depuis 2012, un plan de rigueur visant à récupérer 150 milliards d'euros d'ici à 2014 a été mis en place par le gouvernement de droit de Mr Rajoy. Cependant, loin de bénéficier au marché du travail, ces mesures accentuent la gravité de la situation. Les disparités sociales se creusent et environ 1,9 million de foyers espagnols, sur les 17,4 millions que compte le pays, survivent sans qu'aucun revenu ne soit perçu en leur sein. Ce nombre de foyer est en augmentation de 3,95% par rapport au dernier trimestre de l'année précédente.

Si l'on se penche sur la situation au niveau communautaire, on remarque que le taux de chômage a augmenté dans toutes les communautés autonomes sans exception. L'Andalousie reste la partie de l'Espagne la plus touchée par le phénomène avec 36,87% de sa population sans emploi.

La situation est particulièrement préoccupante du point de vue des jeunes. Le taux de chômage des 16-24 ans est de 57,22%, contre 55,13% au trimestre dernier. Face à cette situation qui semble sans issue, les jeunes espagnols sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance à l'étranger. En 2011, ils ont été 50 000 à quitter l'Espagne pour s'installer ailleurs, soit 36% de plus qu'en 2010. La Norvège recrute dans le secteur pétrolier, l'Allemagne accueillent les chimistes et les électriciens...autant de destinations que les nouveaux diplômés sont prêts à rejoindre pour ne pas terminer "mileurista". Cette fuite des cerveaux pose le problème de la situation à long terme en Espagne et sur sa capacité à innover. Cependant, José Ramon Pin Arboledas, Professeur et responsable de MBA à l'IESE Business School à Madrid, vient nuancer ces craintes en rappelant que les liens familiaux restent des valeurs très fortes dans la société espagnole.


Sources:
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0202729855756-l-espagne-compte-desormais-de-6-2-millions-de-chomeurs-561841.php?xtor=RSS-2059&utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter
http://www.eleconomista.es/interstitial/volver/novoee/economia/noticias/4776421/04/13/El-pparo-subio-al-2716-en-el-primer-trimestre-segun-la-EPA.html
http://www.abc.es/economia/20130425/abci-casi-millones-hogares-tienen-201304250933.html
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/espagne-la-generation-perdue_289538.html

vendredi 19 avril 2013

Crise et accès au logement: l'impossible adéquation ?


Pour aborder ce thème, il convient tout d'abord de préciser que la grande majorité des Espagnols affiche une préférence marquée pour la propriété de leur logement par rapport à sa location. Ainsi en 2007, alors que le taux de location au sein de l'Union Européenne (UE) est de 38%, il ne s'élève qu'à 11,25% en Espagne.  Il s'agit en effet pour eux d'un critère de stabilité familiale et d'un investissement sûr. Cependant depuis quelques années, et ce malgré la baisse des prix sur le marché immobilier constatée depuis 2007, il n'est pas rare de lire dans la presse que le pays migre d'un modèle de propriété vers un modèle de location. La non adéquation entre les prix des logements et les revenus des foyers espagnols est en cause et permet d'expliquer l'accès de plus en plus difficile au logement dans ce pays. Cependant, la crise a aussi joué un rôle déterminant dans le développement de la situation actuelle et plus que l'accès à la propriété, c'est la simple accession à un logement qui est remise en cause.

En 2012, près de 23 000 personnes en Espagne n'ont accès à aucun type de logement. Cependant, il convient de noter qu'il existe également des Espagnols qui ont accès à des logements dans des conditions particulièrement difficiles. Ainsi, on peut relever qu'en 2011, 10,6% des logements de ce pays sont sujets à des problèmes de contamination ou autres problèmes environnementaux. De plus, 18,8% des logements sont mal  isolés des bruits de l'extérieur ou de voisinage. Au final, ce sont en 2001, 1 447 880 familles qui vivent dans un logement insalubre.

Un autre phénomène dont l'importance doit être soulignée est l'augmentation significative des exécutions hypothécaires en Espagne. A la fin des années 1990, a commencé un cycle important d'augmentation des taux d'endettement familial ayant pour but l'accès à la propriété en matière de logement. Ils étaient en effet de 45% en 1995 et ont augmenté jusqu'à atteindre les 76,7% en 2001 et 143% en 2008. Ceci a été largement rendu possible grâce au développement de facilités de crédit à cette époque. Cependant, avec l'explosion de la bulle immobilière et l'enracinement des conséquences sociales et économiques de la crise depuis 2008, ce sont des milliers de familles qui se retrouvent dans une situation d'exécution hypothécaire: 25,9% d'expropriations supplémentaires au premier trimestre 2013 par rapport au dernier trimestre 2012.


Face à cette situation, les autorités espagnoles ont développé certaines mesures d'aide à l'accès au logement pour les citoyens espagnols. C'est le cas par exemple de l'Andalousie qui a alloué 978 millions d'euros au développement de prêts immobiliers aux conditions avantageuses pour les particuliers. Les bénéficiaires de ces prêts pourront, entre autres, diminuer fortement le taux d'intérêt mensuel pendant les premières années de souscription et profiter d'une baisse significative des prix des logements entrant dans le cadre de ce programme.


Sources:

mercredi 10 avril 2013

Eurovegas ou le projet du nouveau Las Vegas européen sur le territoire espagnol



Le 8 septembre 2012, Sheldon Adelson, milliardaire américain propriétaire du groupe Las Vegas Sands a annoncé le 8 septembre dernier, avoir choisi la ville de Madrid pour accueillir son projet d'Eurovegas. La capitale espagnole l'a notamment emporté face à Barcelone et verra implanté, dans sa banlieue sud, à Alcocorn, un complexe composé de douze hôtels, neuf théâtres, trois terrains de golf et de salles de congrès. Ce projet financé à hauteur de 35% par le groupe américain et dont la première phase s'élève à 6,8 milliards d'Euro devrait procurer à ses promoteurs  un taux de profit de 20% et créer environ 200 000 emplois sur une période de 10 à 15 ans.

Les réactions accueillant ce projet sont néanmoins assez mitigées. D'un côté, les perspectives de création d'emplois, dans le contexte actuel de crise économique et sociale, et à l'heure où le taux de chômage est au plus haut sont positivement perçues. On peut par exemple citer le cas de l'académie Cerus, qui offre une formation de croupier, de chef de table, d'assistant de clientèle ou encore de techniciens de machines à sous. Pour cet établissement, ce projet est une aubaine et ce ne sont pas les élèves qui vont le démentir puisque les prévisions tablent sur le recrutement de 400 à 500 croupiers par casino pour un salaire mensuel pouvant atteindre jusqu'à 4 000 Euro.

Cependant, à l'inverse des associations patronales et du Parti populaire (PP), l'opposition de gauche critique vivement ce projet et tout particulièrement son opacité. Il dénonce notamment qu'un tel complexe puisse devenir le lieu de blanchiment de capitaux et ce particulièrement depuis la modification de la législation dans la communauté qui a notamment porté sur un assouplissement du code pénal. Mais ce qui est aussi dénoncé est les exonérations fiscales qui vont être accordées au groupe américain pour mener ce projet à terme. Les citoyens craignent qu'à cela s'ajoutent des aides d'Etat ce qui est particulièrement mal perçu dans un contexte  d'austérité économique. A ce titre, les Espagnols sont descendus régulièrement dans la rue depuis le mois de janvier pour dénoncer ces dérives potentielles.



Sources:
http://www.lepetitjournal.com/barcelone/accueil/actualite/146738-eurovegas-a-madrid-le-reve-d-une-nouvelle-vie-pour-des-dizaines-d-apprentis-croupiers
http://lci.tf1.fr/economie/entreprise/casinos-geants-madrid-choisi-pour-eurovegas-7817465.html
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/01/27/97002-20130127FILWWW00059-madrid-dans-la-rue-contre-eurovegas.php