samedi 25 mai 2013

Espagne et mariage gay: bilan 7 ans après

Ce dimanche 26 mai est prévu, en France, une nouvelle manifestation contre le mariage pour tous. La légalisation de l'union de deux personnes du même sexe n'a pas pour autant fait taire les opposants qui continuent à manifester leur désapprobation. A l'heure où l'opinion publique française est partagée, il convient de revenir sur la légalisation du mariage homosexuel en Espagne. Celle-ci a eu lieu en juillet 2005 et a, à l'époque, surpris. Retour sur les événements et bilan 7 ans plus tard en Espagne, l'un des pays pionniers en matière de matière de mariage homosexuel avec la Suède, la Belgique, l'Afrique du Sud, les Pays Bas et la Norvège.

Espagne et mariage gay: l'apparente contradiction

Loin d’apparaître comme une évolution évidente et naturelle de la législation espagnole, l'introduction du mariage homosexuel dans les textes de loi espagnols a surpris. Le contexte politique d'une part, ne paraissait pas favorable a une telle évolution. L'empreinte du régime franquiste sur la société espagnole est, au début des années 2000, encore assez vive. Or sous ce régime, les relations homosexuelles étaient susceptibles de prison, l'avortement et les moyens contraceptifs interdits. A ce titre, l'Espagne, encore plus que beaucoup de ses homologues européens, présentent des spécificités contextuelles qui expliquent que les avancées sociales sur des sujets aussi sensibles que ceux cités soient difficiles. A cela vient s'ajouter le fait que l'Eglise occupe une place déterminante en Espagne et que ses représentants ont vivement manifesté leur refus de voir s'étendre l'institution du mariage en faveur des couples de personnes de même sexe.

Malgré ce contexte à première vu défavorable à l'évolution de la loi espagnole, José Luis Zapatero, candidat socialiste aux élections nationales de 2004, face à José Maria Aznar, candidat pour le PP (Parti Popular), inclut dans son programme électoral le mariage gay. Les chances de succès du parti socialiste lors ces élections, à l'origine faibles, se sont vues décuplées par les attentats du 11 mars 2004 à Madrid et Zapatero accède au pouvoir la même année. Fidèle à ses intentions premières, il rédige un projet de loi pour le mariage homosexuel qui est accepté par le Conseil des Ministres en 2004, puis par le Parlement en 2005. Malgré cela, il reste bloqué par le Sénat où le PP possède la majorité des sièges. C'est finalement le Congrès qui lève le véto du Sénat et adopte le texte en juin 2005. Finalement, après un recours déposé en septembre 2005 par le PP qui a mis sept ans à être jugé, le texte est déclaré conforme à la constitution le 6 novembre 2012. Il convient d'ailleurs de souligner qu'à l'occasion de ce texte, l'adoption et la procréation médicalement assistée ont été autorisées pour les couples homosexuels.

Espagne et mariage gay: bilan 7 ans après
En sept ans, 23 000 mariages homosexuels ont été célébrés en Espagne, dont 4 500 la première année de sa mise en place. A l'heure actuelle de récents sondages  montrent que 2/3 de la population espagnole accepte le mariage homosexuel. Cependant si cette évolution législative semble majoritairement acceptée par l'opinion publique espagnole, le retour au pouvoir en 2011 du PP a coïncidé avec une augmentation du nombre de mariages gays célébrés de 21% environ par rapport à l'année précédente. Ceci semble souligner qu'il existe une certaine appréhension quant à l'avenir de ce texte.


Sources:
http://www.bfmtv.com/politique/manif-tous-4-500-policiers-mobilises-dimanche-522702.html
http://www.france24.com/fr/20130131-tres-catholique-espagne-mariage-gay-est-entre-moeurs-homosexualite-pma-adoption-zapatero-eglise
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20121107.OBS8326/espagne-le-mariage-homosexuel-definitivement-valide.html
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20121107.OBS8326/espagne-le-mariage-homosexuel-definitivement-valide.html

jeudi 16 mai 2013

Le système éducatif espagnol

Le système éducatif espagnol présente quelques similarités avec son homologue français. En effet, la scolarisation y est obligatoire de 6 à 16 ans. Cependant, l'Etat assure également la gratuité de la scolarisation de 0 à 3 ans pour tous les enfants dont les parents souhaitent les placer à l'école.
Du fait de l'organisation politique de l'Espagne, il est important de relever que l'éducation est placée sous la responsabilité de l'Etat espagnol d'une part, mais également des gouvernements respectifs des 17 Communautés Autonomes existantes.

Le système éducatif espagnol est organisé par la Ley Orgánica de Educación depuis 2006, mais la loi d'amélioration de l'éducation (LOMCE) de 2012, développée par le ministre de l'éducation jose Ignacio Wert, est venue la modifiée en profondeur. Ce texte, considéré par certain comme une nouvelle loi d'éducation, est sujette à de nombreuses critiques du point de vue des enseignements primaire et secondaire, mais également universitaire. Une grève générale du secteur a ainsi été organisée le 9 mai 2013 pour contester ce projet. L'axe majeur de critique repose sur le fait que, selon les syndicats, ce nouveau texte conduit à une certaine privatisation de l'école, limitant ainsi l'accès à l'éducation de qualité.


D'une manière générale, le système éducatif est divisé en 5 types d'enseignement: infantile (de 0 à 3 ans et de 3 à 6 ans), primaire (6 à 12 ans), secondaire (12 à 16 ans), secondaire supérieur (16 à 18 ans) et supérieur. Pour accéder à l'enseignement supérieur général et préparer le "bachillerato", ou au système de formation professionnel, les élèves espagnols doivent obtenir le diplôme appelé "graduado en educación secundaria obligatoria". 






L'Espagne face au décrochage scolaire
Une des particularités du système éducatif espagnol réside dans l'existence en son sein d'un fort taux de décrochage scolaire. Au sens de l'Union européenne, le décrochage scolaire désigne toute forme d'abandon de l'enseignement et de la formation sans diplôme ni qualification des jeunes entre 18 et 24 ans dont le niveau d'études ne dépasse pas le premier cycle d'enseignement secondaire (ou équivalent). Dans ce pays, en 2013, et ce selon les chiffres d'EUROSTAT, 24,9% des jeunes de cette tranche d'âge sont sortis du système éducatif sans le moindre diplôme alors que la moyenne de l'ensemble des Etats membres de l'Union Européenne est de 12,8%.

Les facteurs favorisant le risque de décrochage scolaire sont de diverses natures, personnels, sociaux, économiques...et il convient de relever plus particulièrement que l'abandon des études est le résultat d'un processus complexe. Dans le cas de l'Espagne, et ce même si il existe une certaine hétérogénéité de la situation en fonction de la Communauté d'origine, certains facteurs explicatifs communs ont été relevés pour expliquer ce phénomène. On peut relever notamment, le milieu social, l'influence du genre, l'ethnie d'appartenance et/ou la nationalité et l'équilibre familial. 

Face aux conséquences sociales pour ces jeunes mais également économiques pour l'ensemble de la société, l'Union Européenne a souligné la nécessité de lutter contre le décrochage scolaire. En ce sens, en juin 2010, dans le cadre de la "Stratégie Europe 2020" pour une croissance intelligente, durable et solidaire, un objectif commun d'un taux d'abandon scolaire moyen de 10% au sein de l'UE pour 2020 a été décidé. Dans cette optique, un groupe de travail thématique a été créé en décembre 2011, regroupant des professionnels et des responsables politiques issus de l'ensemble des Etats membres. Son but est de recenser et de diffuser les bonnes pratiques au sein de l'UE en matière de lutte contre le décrochage scolaire. De plus, le Conseil a formulé trois recommandations à destination de ces Etats membres. Identifier tout d'abord les facteurs explicatifs de ce phénomène propres à chaque pays et de développer des mesures à destination de l'enseignement général mais également professionnel. Enfin, il recommande de mettre en place des politiques de lutte concrètes composées de mesures de prévention, d'intervention et de compensation pour remotiver les jeunes sorties du système éducatif sans diplôme.

Le problème qui peut être posé à l'heure actuelle, pour l'Espagne, réside dans le fait que l'éducation souffre, au même titre que d'autres secteurs sociaux sous la responsabilité de l'Etat, tels que la santé, de nombreuses coupes budgétaires. Ceci est du à la vague d'austérité qui touche plusieurs pays européens face à la crise et donne lieu à de nombreuses manifestations et grèves de la part du corps enseignant qui viennent nourrir l'actualité espagnole. Ainsi, depuis 2010, les coupes budgétaires décidées par le gouvernement espagnol ont dépassées 6,3 milliards d'Euro et il parait légitime de se demander de ce qu'il adviendra des politiques de lutte contre le décrochage scolaire.



Sources:
http://www.euroguidance-france.org/fr/377/etudier-en-europe/espagne/systeme-educatif-espagnol.html

http://www.europapress.es/sociedad/educacion/noticia-espana-situa-cabeza-ue-fracaso-escolar-25-2012-eurostat-20130411140128.html

http://www.education.gouv.fr/archives/2012/refondonslecole/wpcontent/uploads/2012/09/consulter_la_comparaison_internationale_sur_le_decrochage_scolaire1.pdf
http://www.ei-ie.org/fr/news/news_details/2556